Le Blog des habitants de Saint-Marcel-lès-Valence
et des territoires environnants

10 morts, et alors ?

Devoir de ma mémoire


Ces dix jeunes tués, il ne faut pas le taire,
Ces dix jeunes garçons étaient des militaires,
Des gars de métier, solides : des volontaires.
En d’autres termes, c’étaient des mercenaires.
La balle qui les a tués ne fut qu’un accident de travail.
Tous devaient le savoir et l’accepter, vaille que vaille,
Tous, les mères, les épouses et ces valeureux jeunots
L’armée n’organise pas que des tournois de tarots.


Quand on a fait l’Algérie, sans l’avoir demandé,
Et savoir comment les familles en ont été remerciées,
Emmener sur place leurs mères ou leurs femmes …
Rester dignes, d’accord, mais pas dans l’infâme.
Et si, à titre posthume on décorait les appelés
Morts en AFN comme de pauvres chiens pelés ?
Tous ces copains qui n’avaient rien demandé,
Ces jeunes hommes partis en service commandé ?



En 59/60, pour 9 francs 50, 8 timbres, 1 bon de colis
Vous aviez votre mort dans une caisse comme un colis,
Après un stockage rapide et discret dans un hangar
Remis contre un ticket de consigne, comme en gare.
Des dizaines stockées dans l’insoutenable chaleur,
Des centaines stockées dans des caisses sans valeur
Des paquets de gars morts gratuitement, par milliers
Des gars morts entassés dans un coin de Gennevilliers.

Un simple avis adressé en courrier ordinaire à la mère,
Un papier personnalisé, mêlant l’administratif à l’amer.
Oh, mais les choses voyez-vous étaient bien faîtes :
Prévenus en semaine, pas les dimanches et jours de fête !
Un avis tout simple remis à l’épouse ou la fiancée
Comme en 42, un simple papier succinct fût assez
Pour ces copains, ces morts recrutés, incorporés d’office,
Pour ces mobilisés que furent le mari, le frère ou le fils.

S’il vous plait, pas de catastrophisme, laissez l’armée
Enterrer ses morts.
S’il vous plait, laissez les familles toujours mutilées
Oublier leurs morts.

Un an après, devoir de mémoire, août 2009


Il y a peu années, dix militaires ont été tués en opération en Afghanistan. Un an après, pour l’anniversaire de leur mort, le journal télévisé en a longuement parlé et une cérémonie fut faite dans la cour des Invalides avec remise de médaille, à titre posthume, à ces 10 jeunes. Et les mères, les épouses emmenées sur place en pèlerinage....
Aujourd’hui encore, quand j’entends parler aux infos d’un mort, bien que compatissant, peut-être influencé par les lectures que j’ai faites sur les sacrifices de tous ces jeunes résistants morts en Vercors dans un dénuement total, j’ai l’estomac qui se serre en pensant aux centaines d’appelés revenus les pieds devant dans le plus grand silence, pour ne pas dire l’indifférence.

Pierre Baduel 
(Photo:Strasbourg, place de la République. Le monument aux morts du sculpteur Léon-Ernest Drivier.)
10 morts, et alors ? 10 morts, et alors ? Reviewed by Coubert on 10.3.11 Rating: 5

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