"Avant ou après" au théâtre de surel

 

Pour mettre un terme à une période difficile, il manquait à notre vie culturelle locale le retour sur scène de la Cie des Javeysans. Ce fut fait ce vendredi dans un Théâtre de Surel complet.

 

 Ce spectacle aurait pu être une fuite, un évitement, un "gommage" effaçant cet épisode particulièrement sensible et douloureux à bien des égards, que fut le confinement. Ce ne fut ni la manière ni le propos.

 

Pour "Avant ou après", le scénario d'Alain Perdriolle ne nous renvoie pas à l'isolement que nous avons vécu. Il place le cadre de l'action au cours d'un blackout généralisé sévère, dont on ne connaitra pas la cause, qui contraint une quinzaine de personnes (acteurs et musiciens) à demeurer prisonniers dans leur propre théâtre et privés de toute  communication avec l'extérieur. 

 

Les personnages cèdent la place aux acteurs et musiciens de chair et de sang. Devant nous, ce sont les personnes qui parlent après avoir abandonner le costume de leur personnage. Le langage n'est plus celui des auteurs, la fiction disparaît et les personnalités de chacun se révèle. Leurs échanges mettent à nu la réalité de ce qu'ils sont vraiment, les convictions qui sont les leurs, et permettent aussi d'engager une réflexion sur le rôle du théâtre.

Mais dans cette mise en abime, pas de psychodrame ni d'affrontements stériles.

C'est ainsi qu'à partir d'un "avant", ce sont des changements et des valeurs mises en lumière qui apparaissent peu à peu, pour modeler un "après" qui pourra, peut-être, rendre la vie meilleure.  

Les femmes chacune à sa manière font face aux inégalités de sexe. La "mère avant tout" s'interroge afin de vivre une féminité pleine et entière. Le chef autoritaire, mâle dominant, se remet en question, le dragueur invétéré prend des "râteaux", l'écolo se désespère de ne pouvoir convaincre et de ne pas trouver un sens à sa vie, la bourgeoise et le beau gosse dépassent leur comportement stéréotypé. Le père qui n'a pu faire le deuil de son fils, retrouvera peut-être le goût de vivre en découvrant l'amitié.

Mais ici, point de radicalité, et si ce spectacle nous invite à la réflexion, c'est aussi un divertissement joyeux et émouvant, nourri d'une vingtaine de chansons, toutes opportunes et qui donne sens. Amour toujours bien sûr, c'est la clé.

 La mise en scène d'Alain Perdriolle est fluide et ininterrompu. Elle nous transporte dans ce confinement de deux heures en soulignant avec pertinence et finesse l'évolution des idées qui sont exprimées (par exemple lorsque le rang des chanteurs situé en avant-scène glisse peu à peu vers l'arrière pour laisser la place aux chanteuses).

Les dix huit chansons ont été choisies dans un grand panel d'auteurs et sur une large période. Elles nous rappellent avec opportunité combien les thèmes ici abordés, sont chargés d'universalité. Nous avons apprécié la qualité de leur interprétation tant par les chanteurs(euses) que par les  musiciens(nes).  

 Le travail soigné et précis de la régie lumières a créé une proximité avec les spectateurs. Une intimité qui a sans doute contribué à rendre ce spectacle particulièrement touchant.

Un grand retour gagnant pour la Compagnie des Javeysans. Alain Perdriolle nous a confié que ce spectacle avait été préparé "pendant", et combien ce fut difficile et compliqué de pouvoir le mettre à l'affiche "après". 

Vous à la construction du spectacle, sur le plateau, à la régie, aux costumes ou aux entrées, les applaudissements nourris et enthousiastes vous auront dit une nouvelle fois, combien vous êtes indispensables à notre vie culturelle locale. 

Le diaporama de la soirée est à voir sur ce lien

 

Direction musicale et vocale : Marin Baudet et Myriam Kastner

Scénario, dialogues et mise en scène : Alain Perdriolle

Régie : Jean-Michel Bobichon et Michel Cohen

Diaporamas : Joël Durand

Conseil et costumes : Liliane Perdriolle et Marinette Margier

 

Prochain spectacle de la compagnie : "Sunderland" les 12 et 13 mai

AP