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IL Y A 70 ANS, SAINT-MARCEL VIVAIT UNE QUINZAINE TRAGIQUE...(5)

Jeudi 7 Septembre. - L'après-midi à lieu l'exhumation des sept malheureux fusillés du 23 Août. Trois d'entre eux seulement avaient été, à cette heure, identifiés et reconnus par leur famille. Les cercueils, recouverts d'un drapeau tricolore, sont déposés dans la salle des fêtes. Après les prières de la "levée des corps" ils sont portés sur deux voitures et conduits devant la grand'porte de l'église. Bien que n'ayant pas été officiellement avertie, la population de St-Marcel est là nombreuse et émue, pour rendre un hommage fraternel à ces jeunes victimes de la barbarie teutonne. Avant l’absoute, M. le Curé prononce une allocution qui est écoutée dans le plus parfait recueillement. Après avoir rappelé les circonstances de  cet assassinat dans les termes qui ont été reproduits plus haut à la chronique du 23 Août, il poursuit:
" Ces sept jeunes gens n'ont point connu la mort glorieuse du champ de bataille où l'on défend son pays les armes à la main. Fusillés comme s'ils étaient des malfaiteurs, ils n'en sont pas moins morts pour la France, car ils étaient partis le matin pleins de bonne volonté, décidés à se battre avec les armes qu'on leur avait promises. Aussi ont-ils droit à nos pieux hommages. Et l'assemblée émue et recueillie que nous formons autour de ces cercueils, Mesdames et Messieurs, est à elle seule la preuve de la sympathie et de la vénération qu'ont fait maître dans nos cœurs
la tragique aventure de ces sept malheureuses victimes. Et j'ajouterai, pour tous ceux d'entre vous quii ont foi en une vie eternelle, que ces jeunes gens ont droit au secours de nos prières. Quelles qu'aient été leurs croyances, nous avons réuni ici, devant l'église, leurs dépouilles mortelles pour implorer la miséricordieuse bonté de Dieu sur leurs âmes immortelles, afin que s'ouvrent devant eux les portes de la Maison du Père, où ils recevront l'éternelle récompense de leurs souffrances et de leur sacrifice. Aux familles qui les pleurent, nous disons ici toute notre religieuse sympathie et nos fraternelles condoléances, en les assurant que St-Marcel gardera toujours le souvenir douloureusement ému de ces sept jeunes Français fusillés dans notre village et qui ont reposé 15 jours sur notre terre."

L'absoute donnée, le drapeau tricolore s’incline sur les cercueils puis, tandis que les trois corps identifiés sont emmenés l'un à Bren, les autres à St-Uze, nous  conduisons les quatre inconnus en notre cimetière pour une spumlture provisoire; le soir même on venait les y prendre, les photographies ayant permis de les reconnaître pour des enfants d'Albon.
Voici les noms des sept victimes:
Caire André, 24 ans, de St-Uze;
Montagnié Albert, 22 ans, de Bren;
Finot Fernad, 22 ans, de Marseille;
Descorme Joseph, 23 ans, d'Albon;
Octrue Pierre, 3 ans, d'Albon;
Lafaurie LOuis, 36 ans, d'Albon;
Bouvier Jean, 22 ans, d'Albon.

Daniel Madet. - Digne de compassion fut aussi la fin de notre jeune compatriote Denis Madet. Parti au maquis dans la région de Crest le 19 Juillet, il essayait, avec des camarades, de franchir la ligne allemande qui encerclait le camp, afin de regagner sa famille. Arrété vers Ourches,  il fut amené à Crest, puis conduit à la Rochette où il fut fusillé avec neuf compagnons, le 3 Août, à 5 h. du soir. Exhumé le 14 Août et ramené à St-Marcel, il fut enseveli le soir de l'Assomption. Une grande foule assistait à ses funérailles, qui furent un témoignage de douloureuse sympathie pour sa famille, à qui nous redisons ici nos fraternelles condoléances.

A suivre...
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