Depuis le 26 mars, vingt-cinq aires d'Apport "volontaire" des déchets sont opérationnelles et le 29 mars a vu la dernière collecte en porte-à-porte pour notre commune.
En deux ans, l'Agglo et les municipalités ont argumenté sans convaincre sur les bienfaits du nouveau service. Il faut dire que le mantra :
"la meilleure méthode pour collecter les déchets, c'est de les transporter nous-mêmes",
ne va pas de soi pour l'habitant moyen.
Or, nous venons d'apprendre que les molocs nouvellement installés, ne seraient que des aliens d'une civilisation à la durée éphémère. Leur venue sur nos territoires ne serait que transitoire avant un autre chambardement technologique annoncé, qui pourra supprimer les va-et-vient des habitants vers les aires de dépôt. L'Agglo aurait-elle entendu la plainte de ses habitants ? Le remède ne sera-t-il pas pire que le mal ?
Pour en savoir plus, nous avons interrogé Morade Locatowsky, responsable du département prospective et innovation de l'agglo.
Après nous avoir entendu, il partage en partie notre analyse sur les conséquences de l'installation des molocs sur nos territoires. De plus, dans nos paysages, la répétitivité de ce mobilier urbain hors du commun, ne présente qu'un intérêt très limité d'un point de vue esthétique.
Pour lui, ce n'est qu'une étape, nécessaire ou pas, il ne souhaite pas entrer dans ce débat parce qu'il voit plus loin, bien plus loin. C'est son métier.
À la bonne place dans ses cartons, il nous présente le dossier
"Refuse collection by high suction system" (Collecte des déchets par aspiration puissante).
Face à nos mines dubitatives, le sourire malicieux qu'il nous adresse ne fait que renforcer notre embarras.
Monsieur Locatowsky nous explique :
"Dans ce dossier figure l'étude complète du système de collecte des déchets de demain. C'est une collecte par aspiration.
Le principe est simple : les habitants déposent leurs déchets dans des trappes. Les déchets sont aspirés, transitent dans des conduites enterrées jusqu'à un collecteur principal.
Pour simplifier, nous pouvons alors envisager deux hypothèses :
— Habitat dense : deux trappes de dépôt par palier d'immeuble (une jaune pour le tri et une grise pour les déchets ménagers).
À proximité de la plateforme du collecteur principal, une usine de méthanisation fabrique du biogaz à partir des biodéchets. À partir du biogaz, nous ferons de l'électricité ou du carburant. Les déchets du tri sont acheminés vers le sytrad par camions.
— Habitat peu dense ou dispersé : une station de dépôt pour 10 foyers équipée des deux trappes. Dans ce cas, un collecteur secondaire est installé pour capter toute une zone, d'où les déchets sont acheminés vers le collecteur principal, toujours par des conduites enterrées."
Nos remarques et questions
— Quand pensez-vous rendre opérationnelle ce nouveau système ?
"La faisabilité étant acquise, les décisions de principe sont prises et nous visons une mise en service pour l'Agglo en 2032."
— Pourquoi ne pas acheminer les déchets du tri vers le sytrad par aspiration ?
"C'est une très bonne question. Aujourd'hui, nous ne savons pas acheminer par aspiration sur une distance supérieure à 6,2 km, en raison des pertes de charge et de la puissance qui est alors nécessaire. Par ailleurs, l'installation et la maintenance d'aspirateurs intermédiaires aurait une incidence financière trop importante sur l'économie globale du système.
Mais nous travaillons sur cette hypothèse et je ne doute pas que des solutions seront à notre portée dans les décennies futures."
- Dans une petite ville de la taille de Saint-Marcel, où pourrait se situer le collecteur principal ?
"L'idéal géographique, après pondération des différentes densités de population, serait la place de la mairie ou l'esplanade de la MJC, mais un déport sera probablement nécessaire.
Le système adopté présente de fortes similitudes avec celui de la société suédoise Centralsug, système pneumatique construit en 1970 pour la Villeneuve de Grenoble. Après avoir essuyé de nombreuses difficultés, il fut définitivement abandonné en 2011.
Lire cette page de l'histoire grenobloise sur ce lien :
Ne pensez-vous pas que nous puissions rencontrer les mêmes problèmes et parvenir à la même conclusion ?
"Je vois que vous connaissez bien votre sujet. Vous pensez bien que nous avons scruté un à un les problèmes techniques rencontrés par le bureau d'études de l'époque.
Je peux vous dire que le système qui va être installé, du point de vue des techniques, des matériaux employés et de la puissance d'aspiration installée, n'a plus rien à voir avec celui qui a été conçu il y a plus de cinquante ans. Ça, c'est une certitude et nous avons toute confiance quant aux résultats attendus."
Nous avons remercié Maurice Locatowsky pour avoir répondu aussi spontanément à nos questions.
Conclusion ?
L'aspect financier et son impact sur la TEOM (Taxe d'enlèvement des Ordures Ménagères) n'ont pas été abordés.
À peine voyons-nous l'arrivée d'une nouvelle étape dans la collecte des déchets, une autre, et de taille, nous est déjà annoncée pour demain.
Gageons que l'équipe municipale présente en 2032, ainsi que "la madame Geneviève Girard" responsable de la gestion des déchets de l'Agglo à cette date, auront fort à faire pour argumenter publiquement.
Décidément, les grandes mutations que l'on nous impose surviennent dans nos débats, comme un serpent de mer, à la même période de l'année.
Un nouveau cirque roi ? Pour régner ?
D'ici là, peut-être pourrons-nous en rire un peu ?
AP
Apport "volontaire" des déchets : on ne nous a pas (encore) tout dit
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7 commentaires:
Superbe la photo triple bravo au Photographe !!
DP
En ce 1er Avril, je dis bravo l'artiste écrivain!😂
Beaucoup de Marcelois ont exprimé des craintes sur les odeurs que les points de collecte pourraient répandre dans leur voisinage...
Ce nouveau système de collecte automatisé (à part le dépôt "volontaire" en début du processus) montre un certain progrès, mais il devra sans doute encore répandre une délicate odeur de poisson.
PS : Il est minuit passé, Docteur Schweitzer, je me permet donc de vous interrompre... Nous sommes le 2.
Merci cependant pour cet article très documenté :-)
Bien vu, merci à M. Panatowki. Nous sommes preneurs pour une trappe d'aspiration proche de notre palier au 3é étage, comme autrefois dans les tours d'habitation , nids à rats abandonnés ensuite. Ce serait une expérimentation dont nos élus pourraient être fiers, car à la pointe de l'innovation des services urbains. Vive Saint-Marcel et son aspiration inspirante!
Aussi drôle que bien écrit, bravo.
J'ai pour ma part pu essayer le prototype de ce système d'aspiration, installé sur le parking du bois de Thodure : les conteneurs étant installés avec les "trous" face à l'est et à l'ouest, les vents dominants soufflent perpendiculairement aux ouvertures, et on a intérêt à bien tenir les petits emballages qui se trouvent aspirés si l'on n'y prend garde !
La date du 29 mars n'était pas la bonne pour tous!
Allée des Bleuets aux Margillières nous avons tous sortis nos poubelles conformément à la note d'information glissée dans les boîtes à lettres. Et bien, elles n'ont pas été vidées! Appel téléphonique à l'agglo et réponse : "ah, mais c'était hier le 28 la dernière collecte". Pas d'autre commentaire pour éviter d'être malpoli.
Les moloks me conviennent bien avec leur large sas quand on ouvre la trappe. On pourrait même y vider plus aisément, en une seule fois nos déchets triés. Au lieu de cela on est obligé de tenir d'une main le volet caoutchouc et le sac ou panier contenant les déchets, et de l'autre de les transvaser poignée par poignée. Ou alors je n'ai pas compris comment il faut faire.
Que dire des incivilités qui n'ont pas tardé :
-un contenu -bouteille + déchets - éparpillé à côté de l'ancien emplacement, à l'embranchement du chemin de descente vers le parc de la MJC.
-et ce (trop) grand carton coincé entre deux containers sur l'espace de la halle des sports et contenant du polystyrène expansé ... non recyclable (mais ça tout le monde ne le sais pas).
Nous avons bien là des langues de vipères ! Tout a été pensé, pensé, repensé par des spécialistes.
Et, si des maladroits peuvent encore mettre leurs ordures à côté du trou (je le vois journellement), un employé de mairie sera payé, par nos soins, à veiller de nettoyer (je le vois presque journellement).
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