Le Blog des habitants de Saint-Marcel-lès-Valence
et des territoires environnants

1917... c'était il y a cent ans ! (2/4)


LA DROME, ET SAINT-MARCEL, TERRE DE REFUGE

Comment sont accueillis les réfugiés ?
Le bureau de Berne (en Suisse) en assure la prise en charge et l’acheminement sur le territoire helvétique jusqu’en février 1915 puis c’est le Service territorial de l’armée helvétique, assisté par la Croix-Rouge suisse, qui prend le relais.
De son côté, le gouvernement français crée pour les populations déplacées un Service des Rapatriés, dépendant directement du Ministère de l’Intérieur, implanté à Annemasse jusqu’en 1917, puis à Évian promue station d’accueil.
Le flux des premiers rapatriements est irrégulier mais devient quasi-ininterrompu à partir de décembre 1916.
Toute réception de rapatriés comprend une visite médicale obligatoire.
Le Service d’identification et de Recherches établit des fiches individuelles et le Bureau du travail détermine si les réfugiés sont aptes au travail. Après 24 heures de repos, 50 % d’entre eux reprennent le train vers une affectation d’office, dans une localité de l’Ouest ou du Sud de la France.
Les maires des communes d’accueil sont tenus de dresser tous les quinze jours la liste des réfugiés.
Le médecin de la commune vérifie l’état sanitaire des rapatriés d’Allemagne. On signale de nombreux aliénés et des tuberculeux.
L’État français, en 1914, n’a pas prévu l’arrivée des réfugiés, puisque l’armée française devait vaincre rapidement l’ennemi.
De ce fait, la loi du 4 août 1914, attribue à l’autorité militaire, et pour la durée de la guerre, « le droit de pourvoir par voies de réquisitions, au logement, à la nourriture, au chauffage, et en cas de maladie, au traitement des individus, et à la subsistance des individus qui, ayant été évacués comme bouches inutiles […] auront déclaré se trouver sans moyens d’existence », tant pour les nationaux que pour les étrangers. Ce pouvoir sera délégué aux préfets qui fixeront le nombre de réfugiés que chaque commune aura l’obligation de loger, le maire assurant la répartition entre les habitants.
En 1915, 88 communes drômoises accueillent des réfugiés et durant les 4 années de guerre ce sont entre 13 000 et 15 000 réfugiés qui seront répartis dans au moins 280 communes différentes.
Les réfugiés arrivent par convois d’évacuation ou de rapatriement à Valence, et ceux qui ne repartent pas de suite, sont logés gratuitement et provisoirement dans les hôtels à proximité de la gare, à la Bourse du travail ou à l’École normale de garçons. Ils sont nourris dans les restaurants avoisinants ou à la cantine municipale.
Entre 1915 et jusqu’au printemps 1918, le
Journal de Valence relate leur arrivée en gare où la Croix-Rouge leur sert des boissons chaudes, et le préfet leur adresse des paroles de réconfort.
Pour faire face à l’arrivée continuelle de réfugiés, les logements chez l’habitant étant insuffisants, on recherche des locaux susceptibles de les recevoir. A Montélimar, ce sont les cantonnements du Fust, Guigon, Hugonnet et Villeneuve. Il existe aussi des dépôts à Romans, Chabeuil (au Quartier Béranger), Etoile (dans une usine), Saint Sorlin, Tain (dans l’immeuble Rambaud). En 1917, Valence propose le couvent Sainte Marthe, rue Faventines, l’ancienne usine Juston, avenue de Chabeuil, la salle Sainte-Madeleine, près de l’école normale et l’école élémentaire de la basse-ville.
Des contrôleurs des réfugiés et des agents-voyers
[Il s’agit des agents chargés d’entretenir les chemins], font des rapports réguliers sur leurs conditions d’hébergement, leur nourriture, leurs conditions de travail, leur état sanitaire, leurs vêtements et l’accueil qui leur est fait par les populations locales.
En plus des évacuations collectives, les armées alliées éloignent les « suspects » se trouvant près du front, comme les Alsaciens-Lorrains, qui seront conduits dans des centres de triage puis dirigés vers des camps d’internement ou des communes éloignées en fonction de critères spécifiques établis suivant la nationalité de leurs parents et leurs sentiments français.
Les conditions d’hébergement sont précaires : problèmes d’alimentation en eau, manque de chauffage et d’éclairage, peu de matériel de cuisine, trop peu de WC, pas d’infirmerie, difficulté pour scolariser les enfants, avec un traitement particulier pour les Romanichels.
Ci-dessous, retranscription d’un tableau manuscrit du 17 mars 1915 adressé par le maire de Saint Marcel-lès-Valence à Monsieur le Préfet de la Drôme à Valence

E tat sanitaire des rapatriés français revenant d’Allemagne placés à Saint Marcel-lès-Valence

Bien portants
Malades à surveiller
Diagnostic
1 – Jullien 75 ans
Tailleur de pierres
Originaire de Richemont (Moselle)
23 – Mouton Hyppolyte 74 ans
Agriculteur
De Montcheutin (Ardennes)
Bronchite
2 – Bonneterre Françoise 701 ans
De Billy les Mangiennes (Meuse)
24 – Mouton Léonie 69 ans
Epouse du précédent
Bronchite
3 - Vve Mercier Claire 65 ans
De Ternes (Ardennes)
25 – Gillet Angélique 69 ans
De Gremilly (Meuse)
Bronchite
4 – Rémy Paulin 63 ans
De Ternes
26 – Houssard Gustave 69 ans
De Chaumont (Meuse)
Bronchite
5 – Clarenne Joséphine 64 ans
De Fleury (Meuse)
27 – Houssard Catherine 65 ans
Femme du précédent
Bronchite
6 – Gircourt Justin 64 ans
De Pillon (Meuse)
Observations (manuscrites de la main du médecin, le docteur Ponsoye)
7 – Gircourt Hortense 63 ans
Epouse du précédent
- Aucun des rapatriés placés à Saint Marcel ne se trouve dans un état de santé qui nécessite une hospitalisation.
- A leur arrivée, un certain nombre souffraient d’entérite due au froid ou à l’alimentation défectueuse. Ils sont actuellement rétablis. Des cas de bronchite qui subsistent paraissent bénins.
- Ont disparu également les poux de corps mais en revanche plusieurs sont atteints de gale. Je leur ai prescrit un traitement approprié.
- A signaler enfin deux dégénérés. Maurice et René Mulot (N) 9 et 10) atteints d’idiotie que la mère paraît désireuse de placer dans un établissement spécial. Il n’y a d’ailleurs aucune ??, s’ils ne sont guère capables de travailler. Ils sont tout à fait inoffensifs.
- Un rapatrié renvoyé de l’hôpital d’Uzès (Gard) pour rejoindre Saint Marcel sa femme Gillet Angélique (69 ans) (n°25) est décédée hier, quelques heures après son arrivée d’infection inconnue.

8 – Veuve Mulot Eugénie 50 ans
De Xivrey Marvoisin (Meuse)
9 – Mulot Maurice 18ans
Enfant de la précédente
10 – Mulot René 16 ans
Enfant de la précédente
11 – Mulot Lucien 14 ans
Enfant de la précédente
12 – Mulot Eugénie 24 ans
Enfant de la précédente
13 – Mulot Jeanne 18 mois
Enfant de la précédente
14 – Mulot Roger 5 ans
Enfant de la précédente
15 – Mulot Yvonne 7 ans
Enfant de la précédente
16 – Veuve Dupuis 54 ans
De Billy les Mangiennes
17 – Dupuis Lucien 29 ans
18 – Dupuis Maurice 8 ans
Enfant du précédent
19 – Dupuis Germaine 4 ans
Enfant du précédent
20 – Dupuis Edmond 1 an
Enfant du précédent
21 – Dupuis Léon 19 ans
22 – Vachelle Louis pas d’âge
D’Hernies (Pas de Calais)

Les réfugiés Mulot Maurice, 18 ans et Mulot René, 16 ans, qui ont été l’objet d’un rapport médical de M. le Docteur Ponsoye ont été adressé samedi soir courant à l’hôpital de Valence.

1917... c'était il y a cent ans ! (2/4) 1917... c'était il y a cent ans ! (2/4) Reviewed by Riette on 14.11.17 Rating: 5

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