LA
DROME, ET SAINT-MARCEL, TERRE DE REFUGE
Comment
sont accueillis les réfugiés ?
Le
bureau de Berne (en Suisse) en assure la prise en charge et
l’acheminement sur le territoire helvétique jusqu’en février
1915 puis c’est le Service territorial de l’armée helvétique,
assisté par la Croix-Rouge suisse, qui prend le relais.

Le
flux des premiers rapatriements est irrégulier mais devient
quasi-ininterrompu à partir de décembre 1916.
Toute
réception de rapatriés comprend une visite médicale obligatoire.
Le Service d’identification et de Recherches établit des fiches individuelles et le Bureau du travail détermine si les réfugiés sont aptes au travail. Après 24 heures de repos, 50 % d’entre eux reprennent le train vers une affectation d’office, dans une localité de l’Ouest ou du Sud de la France.
Le Service d’identification et de Recherches établit des fiches individuelles et le Bureau du travail détermine si les réfugiés sont aptes au travail. Après 24 heures de repos, 50 % d’entre eux reprennent le train vers une affectation d’office, dans une localité de l’Ouest ou du Sud de la France.
Les
maires des communes d’accueil sont tenus de dresser tous les quinze
jours la liste des réfugiés.
Le médecin de la commune vérifie l’état sanitaire des rapatriés d’Allemagne. On signale de nombreux aliénés et des tuberculeux.
Le médecin de la commune vérifie l’état sanitaire des rapatriés d’Allemagne. On signale de nombreux aliénés et des tuberculeux.
L’État
français, en 1914, n’a pas prévu l’arrivée des réfugiés,
puisque l’armée française devait vaincre rapidement l’ennemi.
De ce fait, la loi du 4 août 1914, attribue à l’autorité militaire, et pour la durée de la guerre, « le droit de pourvoir par voies de réquisitions, au logement, à la nourriture, au chauffage, et en cas de maladie, au traitement des individus, et à la subsistance des individus qui, ayant été évacués comme bouches inutiles […] auront déclaré se trouver sans moyens d’existence », tant pour les nationaux que pour les étrangers. Ce pouvoir sera délégué aux préfets qui fixeront le nombre de réfugiés que chaque commune aura l’obligation de loger, le maire assurant la répartition entre les habitants.
De ce fait, la loi du 4 août 1914, attribue à l’autorité militaire, et pour la durée de la guerre, « le droit de pourvoir par voies de réquisitions, au logement, à la nourriture, au chauffage, et en cas de maladie, au traitement des individus, et à la subsistance des individus qui, ayant été évacués comme bouches inutiles […] auront déclaré se trouver sans moyens d’existence », tant pour les nationaux que pour les étrangers. Ce pouvoir sera délégué aux préfets qui fixeront le nombre de réfugiés que chaque commune aura l’obligation de loger, le maire assurant la répartition entre les habitants.
En
1915, 88 communes drômoises accueillent des réfugiés et durant les
4 années de guerre ce sont entre 13 000 et 15 000 réfugiés
qui seront répartis dans au moins 280 communes différentes.

Entre 1915 et jusqu’au printemps 1918, le Journal de Valence relate leur arrivée en gare où la Croix-Rouge leur sert des boissons chaudes, et le préfet leur adresse des paroles de réconfort.
Pour
faire face à l’arrivée continuelle de réfugiés, les logements
chez l’habitant étant insuffisants, on recherche des locaux
susceptibles de les recevoir. A Montélimar, ce sont les
cantonnements du Fust, Guigon, Hugonnet et Villeneuve. Il existe
aussi des dépôts à Romans, Chabeuil (au Quartier Béranger),
Etoile (dans une usine), Saint Sorlin, Tain (dans l’immeuble
Rambaud). En 1917, Valence propose le couvent Sainte Marthe, rue
Faventines, l’ancienne usine Juston, avenue de Chabeuil, la salle
Sainte-Madeleine, près de l’école normale et l’école
élémentaire de la basse-ville.
Des contrôleurs des réfugiés et des agents-voyers [Il s’agit des agents chargés d’entretenir les chemins], font des rapports réguliers sur leurs conditions d’hébergement, leur nourriture, leurs conditions de travail, leur état sanitaire, leurs vêtements et l’accueil qui leur est fait par les populations locales.
Des contrôleurs des réfugiés et des agents-voyers [Il s’agit des agents chargés d’entretenir les chemins], font des rapports réguliers sur leurs conditions d’hébergement, leur nourriture, leurs conditions de travail, leur état sanitaire, leurs vêtements et l’accueil qui leur est fait par les populations locales.
En
plus des évacuations collectives, les armées alliées éloignent
les « suspects » se trouvant près du front, comme les
Alsaciens-Lorrains, qui seront conduits dans des centres de triage
puis dirigés vers des camps d’internement ou des communes
éloignées en fonction de critères spécifiques établis suivant la
nationalité de leurs parents et leurs sentiments français.
Les conditions d’hébergement sont précaires : problèmes d’alimentation en eau, manque de chauffage et d’éclairage, peu de matériel de cuisine, trop peu de WC, pas d’infirmerie, difficulté pour scolariser les enfants, avec un traitement particulier pour les Romanichels.
Les conditions d’hébergement sont précaires : problèmes d’alimentation en eau, manque de chauffage et d’éclairage, peu de matériel de cuisine, trop peu de WC, pas d’infirmerie, difficulté pour scolariser les enfants, avec un traitement particulier pour les Romanichels.
Ci-dessous,
retranscription d’un tableau manuscrit du 17 mars 1915 adressé par
le maire de Saint Marcel-lès-Valence à Monsieur le Préfet de la
Drôme à Valence
E
tat
sanitaire des rapatriés français revenant d’Allemagne placés à
Saint Marcel-lès-Valence
Bien
portants
|
Malades
à surveiller
|
Diagnostic
|
1
– Jullien 75 ans
Tailleur
de pierres
Originaire
de Richemont (Moselle)
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23
– Mouton Hyppolyte 74 ans
Agriculteur
De
Montcheutin (Ardennes)
|
Bronchite
|
2
– Bonneterre Françoise 701 ans
De Billy
les Mangiennes (Meuse)
|
24
– Mouton Léonie 69 ans
Epouse du
précédent
|
Bronchite
|
3
- Vve Mercier Claire 65 ans
De Ternes
(Ardennes)
|
25
– Gillet Angélique 69 ans
De
Gremilly (Meuse)
|
Bronchite
|
4
– Rémy Paulin 63 ans
De Ternes
|
26
– Houssard Gustave 69 ans
De
Chaumont (Meuse)
|
Bronchite
|
5
– Clarenne Joséphine 64 ans
De Fleury
(Meuse)
|
27
– Houssard Catherine 65 ans
Femme du
précédent
|
Bronchite
|
6
– Gircourt Justin 64 ans
De Pillon
(Meuse)
|
Observations
(manuscrites de la
main du médecin, le docteur Ponsoye)
|
|
7
– Gircourt Hortense 63 ans
Epouse du
précédent
|
-
Aucun des rapatriés placés à Saint Marcel ne se trouve dans un
état de santé qui nécessite une hospitalisation.
-
A leur arrivée, un certain nombre souffraient d’entérite due
au froid ou à l’alimentation défectueuse. Ils sont
actuellement rétablis. Des cas de bronchite qui subsistent
paraissent bénins.
-
Ont disparu également les poux de corps mais en revanche
plusieurs sont atteints de gale. Je leur ai prescrit un traitement
approprié.
-
A signaler enfin deux dégénérés. Maurice et René Mulot (N) 9
et 10) atteints d’idiotie que la mère paraît désireuse de
placer dans un établissement spécial. Il n’y a d’ailleurs
aucune ??, s’ils ne sont guère capables de travailler. Ils
sont tout à fait inoffensifs.
-
Un rapatrié renvoyé de l’hôpital d’Uzès (Gard) pour
rejoindre Saint Marcel sa femme Gillet Angélique (69 ans) (n°25)
est décédée hier, quelques heures après son arrivée
d’infection inconnue.
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8
– Veuve Mulot Eugénie 50 ans
De Xivrey
Marvoisin (Meuse)
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9
– Mulot Maurice 18ans
Enfant de
la précédente
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10
– Mulot René 16 ans
Enfant de
la précédente
|
||
11
– Mulot Lucien 14 ans
Enfant de
la précédente
|
||
12
– Mulot Eugénie 24 ans
Enfant de
la précédente
|
||
13
– Mulot Jeanne 18 mois
Enfant de
la précédente
|
||
14
– Mulot Roger 5 ans
Enfant de
la précédente
|
||
15
– Mulot Yvonne 7 ans
Enfant de
la précédente
|
||
16
– Veuve Dupuis 54 ans
De Billy
les Mangiennes
|
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17 –
Dupuis Lucien 29 ans
|
||
18
– Dupuis Maurice 8 ans
Enfant du
précédent
|
||
19
– Dupuis Germaine 4 ans
Enfant du
précédent
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||
20
– Dupuis Edmond 1 an
Enfant du
précédent
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21 –
Dupuis Léon 19 ans
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22
– Vachelle Louis pas d’âge
D’Hernies
(Pas de Calais)
|
Les
réfugiés Mulot Maurice, 18 ans et Mulot René, 16 ans, qui ont été
l’objet d’un rapport médical de M. le Docteur Ponsoye ont été
adressé samedi soir courant à l’hôpital de Valence.
A
suivre - Episode 3 le 17 novembre
Voir l'article 4/4 http://www.saintmarcelblog.com/2017/11/1917-cetait-il-y-cent-ans-44-fin.html
Voir l'article 3/4 http://www.saintmarcelblog.com/2017/11/1917-cetait-il-y-cent-ans-34.html
Voir l'article 3/4 http://www.saintmarcelblog.com/2017/11/1917-cetait-il-y-cent-ans-34.html
Voir l'article 1/4 http://www.saintmarcelblog.com/2017/11/1917-cetait-il-y-cent-ans.html
1917... c'était il y a cent ans ! (2/4)
Reviewed by Riette
on
14.11.17
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